Portrait d'une collaboratrice, Clélia Bringolf
International

Clélia Bringolf, engagée pour porter la voix des enfants à l'international

Défendre les droits des enfants dans le monde en faisant évoluer concrètement et durablement les politiques publiques en leur faveur, c’est la mission de Clélia Bringolf, chargée de plaidoyer international à la Fondation Apprentis d’Auteuil International. Portrait.

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Clélia Bringolf travaille à la Fondation Apprentis d'Auteuil International en Suisse, à Genève. Cette fondation soutient les projets d'Apprentis d'Auteuil à l'international. Clélia est chargée de plaidoyer, c'est à dire, qu'elle agit dans une trentaine de pays pour faire entendre, par exemple, la voix des enfants qui vivent dans la rue. Elle aide sur le terrain les associations à faire connaître la situation des enfants et des familles en difficulté. Le but est que les personnes qui décident dans les organisations internationales et dans les gouvernements des différents pays agissent pour que la situation de tous les enfants s'améliore.

À la Fondation Apprentis d’Auteuil International (FAAI), Clélia Bringolf, 30 ans, exerce le métier peu connu de chargée de plaidoyer international et de projets. Créée en 2013 et reconnue d’utilité publique, la FAAI, basée en Suisse, soutient les projets de coopération internationale d’Apprentis d’Auteuil. La fondation œuvre en effet depuis 30 ans en partenariat avec des associations locales dans une trentaine de pays - en Afrique, Asie, Amérique du Sud et Europe - dans les domaines de la protection des enfants, de la formation et de l’insertion des jeunes en difficulté, du soutien aux familles vulnérables. « Il n’existe pas de réelle formation, confie la jeune femme. J’ai suivi une licence de sciences politiques avec une spécialisation en relations internationales à l’université de Lausanne, la ville où j’ai grandi, puis un master en sciences politiques spécialisé en politique comparée et internationale à l’université de Genève. En poste à la FAAI depuis trois ans, je me suis formée sur le tas, en exerçant mon métier ». 

Offrir un avenir et une vie digne à chaque enfant

Au quotidien, Clélia s’engage auprès des partenaires locaux d’Apprentis d’Auteuil pour porter avec eux la voix des enfants à l’échelle nationale comme internationale (République du Congo, Pérou, Madagascar…) et défend leurs droits, notamment auprès de l’ONU. Pour cela, elle alerte les décideurs politiques et les institutions sur la situation des enfants les plus vulnérables, en particulier, ceux vivant dans la rue. Elle incite les décideurs à agir et à influer sur les politiques publiques et les gouvernements afin de garantir pour chaque enfant une vie digne, épanouie et un avenir. 

Portrait d'une collaboratrice, Clélia Bringolf
Clélia Bringolf (3ème rang sur la gauche) lors d'une visite d'un orphelinat à Brazzaville, au Congo, avec le réseau REIPER (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

Engagement citoyen en Amérique centrale et au Mexique

Chez Clélia, ce sens de l’engagement est né tôt et s’est affirmé lors d’un séjour de six mois qu’elle passe seule en Amérique centrale, une région du monde qui la fascine, entre sa licence et son master. Après son année de césure, elle poursuit l’expérience en effectuant durant son master un stage de six mois à Mexico dans une ONG qui œuvre pour la liberté d’expression, l’accès à l’information et la défense des droits humains. « J’ai toujours été passionnée par la manière dont la société civile s’engage, raconte-t-elle, et par l’impact positif que cet engagement peut produire lorsque l’État manque à ses devoirs et que les droits des personnes ne sont pas respectés ». 

La jeune femme, souriante et énergique, possède un optimisme sans faille. De retour en Suisse, Clélia devient consultante à distance pour un projet de recherche sur les comités qui veillent au respect des conventions des droits humains des Nations Unies, comme le Comité des droits de l’enfant. « Ça m’a notamment ouvert l’esprit sur les mécanismes onusiens en matière de droits humains », fait-elle remarquer. 

D’éducatrice à chargée de plaidoyer

Pendant la pandémie de COVID, la jeune femme travaille comme éducatrice et surveillante de nuit dans un foyer pour enfants à Lausanne. « Cette expérience m’a beaucoup marquée car elle faisait le lien entre ma mission au Mexique et la protection de l’enfance. Lorsque j’ai postulé, j’ai senti que ma lettre s’écrivait d’elle-même », confie la jeune femme qui loue les valeurs de partage de la fondation. 

Ses valeurs humaines, elle les a acquises auprès d’une mère impliquée dans l’animation socio-culturelle. « Je partais en vacances avec les enfants de mon quartier, issus de cultures et d’univers très différents. Ça m’a apporté une richesse pour mon développement personnel. Aujourd’hui, cela fait sens pour moi d’accompagner les enfants les plus vulnérables », reconnaît Clélia. À la FAAI, elle débute comme stagiaire, avant de décrocher, au bout d’un an, le poste qu’elle occupe aujourd’hui. 

Portrait d'une collaboratrice, Clélia Bringolf
Clélia Bringolf lors d'une formation sur les droits et les consultations d'enfants avec le partenaire REIPER au Congo Brazzaville (c) Besnard/Apprentis d'Auteuil

Au plus près des enfants en situation de rue

La part la plus conséquente de son travail consiste à se rendre sur le terrain, au contact des partenaires locaux d’Apprentis d’Auteuil, le plus souvent des associations qui s’occupent des enfants en situation de rue, comme le REIPER en République du Congo. « Je me souviens de cinq enfants et adolescents qui ont conversé en visio avec des experts de l’ONU du Comité des droits de l’enfant. Ça m’a beaucoup touchée de les voir s’entraider et s’encourager pour s’exprimer. Après cette conversation, ils étaient emplis d’espoir et d’optimisme. Leur retour très positif sur cette expérience m’a beaucoup marquée. Je me suis dit que nous étions sur la bonne voie. Cela me motive bien sûr, dans la poursuite de mon travail. » Dernier événement en date, l’intervention le 14 mars à la tribune de l’ONU de Ronaldo, 13 ans, un jeune Malgache accueilli au Centre NRJ, partenaire d’Apprentis d’Auteuil, qui a pu partager son expérience d’enfant en situation de rue et porter la voix de ces enfants à Genève.  Accompagnés par la FAAI et la direction Internationale d’Apprentis d’Auteuil, Ronaldo et Marie Elia, une jeune Malgache de son âge, ont tous deux pris la parole durant deux événements majeurs en marge de la journée internationale des enfants en situation de rue. 

Un lent et patient travail de plaidoyer

Dans les pays où elle est invitée, elle coanime avec les partenaires locaux des ateliers sur les techniques de plaidoyer au niveau national (autorités locales, ambassades...) et international (ONU). « Il est très important de faire participer les enfants et les jeunes à la conception du plaidoyer et ainsi s’inspirer directement de leur parole et de ce qu’ils vivent », souligne la jeune femme pour qui un défi reste à relever : « Parvenir à se faire entendre et convaincre de l’importance d’agir concrètement. » 

Quand on lui demande quel est son moteur pour avancer, elle répond : « Les partenaires sur le terrain et les jeunes qu’ils accompagnent ». En janvier, Clélia s’est de nouveau envolée pour le Congo Brazzaville où elle animait une formation auprès de plusieurs partenaires du pays, mais aussi d’autres venus du Mali, du Cameroun, du Maroc, du Sénégal, de la République démocratique du Congo et de Madagascar. Et poursuivre avec eux le patient et stratégique travail de plaidoyer auprès de leurs gouvernements.